Eloge de la graisse
Auteurs   Bardolle, Olivier (Auteur)
Edition  Jean-Claude Gawsewitch : Paris , 2006
Collation   187 p.
Format   20 cm
ISBN   2-350-13047-9
Langue d'édition   français
Sujets   Femme : corps
Catégories   Documentaires
DOC - Sciences sociales / Société
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Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Saint-Arnoult-en-Yvelines 1049197853715 391.6 BAR Adulte / -Disponible à Saint-Arnoult-en-Yvelines
Résumé : Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé la graisse. Cette matière, injustement décriée, recèle une onctuosité qui rend la vie facile. Elle fait tout passer. Elle est comme l'huile du moteur. Sans la graisse, le monde serait invivable, tout en arêtes, vives et tranchantes. Heureusement la graisse est là pour arrondir les angles, elle est caressante et pleinement compréhensive, la douceur même. Pour tout dire, la graisse est débonnaire, accueillante et placide. Sur elle, en elle, tout s'amortit, se fond, se résout tranquillement. La graisse est magnanime, elle pardonne à l'avance, étouffe l'agression dans l'oeuf, calme les échauffés, attendrit les intransigeants, recueille les éperdus. Elle est impassible et souriante comme le Bouddha. Souriante et sage, car la frénésie, l'ambition, l'esprit de conquête ne sont pas dans sa nature. Flegmatique, elle laisse le monde venir à elle et lui rendre l'hommage furtif qui est dû à sa beauté souveraine. Elle n'est pas sortable, elle le sait et ne s'en soucie pas. Elle est aimée en douce, et cela lui va très bien. Elle ne souhaite pas occuper la scène, elle est naturellement obscène, et c'est aussi ce qui la rend troublante, peut-être même irrésistible. On lui en veut toujours un peu du désir moite et obscur qu'elle suscite. En somme, ce qu'on lui reproche c'est bien d'accueillir nos sombres désirs, et de les ensevelir dans sa chair chaude et enveloppante. On l'accuse facilement, après coup bien sûr, d'être étouffante, mais la graisse est gracieuse, c'est-à-dire gratuite. Comme le chantait Gainsbourg en 67 : Ça n'sait pas dire non/c'est ça que j'aime bien/chez les p'tits boudins/ça n'pose pas de questions/ça n'mange pas d'pain/les p'tits boudins (Ça ne mange pas de pain mais ça aime bien les glaces à la crème quand même...) Cette capacité d'accueil, souvent inconditionnelle, constitue certainement l'attrait le plus charmant de la femme voluptueuse.